Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Gisèle Munger
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 14 juin 2019
Première-née d’une famille de huit enfants, on pourrait imaginer sans vraiment se tromper que, le 6 décembre 1945, Gisèle Munger a poussé une note de musique plutôt que le cri de la délivrance. La fille d’Adrien, cultivateur à Laterrière, et de Cécile Bouchard, institutrice dans une école de rang pendant les cinq ans précédant son mariage, a consacré toute sa vie au chant. Elle n’a pas attendu longtemps pour faire chanter ses 4 sœurs et 3 frères lors des fêtes de famille, ainsi que les enfants fréquentant les terrains de jeux; prélude à la chorale Jeunesse en chœur, qu’elle fondera en 1988 pour initier les jeunes au chant et partager ce plaisir avec sa fille de 7 ans. La passion de Gisèle est si intense et contagieuse que sa fille Marie-Ève Munger est aujourd’hui une soprano colorature qui enchante les critiques et les publics du Canada, des États-Unis et d’Europe.
En 1951, la famille de Gisèle s’installe à Arvida. Adrien délaisse l’ombre des arbres de sa terre pour l’ombre des grandes cheminées. Cécile, née dans une famille d’agriculteurs a pu, comme ses 9 sœurs, étudier pour devenir enseignante. Une fois mariée, contrainte de quitter sa profession selon les règles de l’époque, elle n’en multipliera pas moins ses engagements, devenant un modèle pour son aînée. Cette mère de 8 enfants fonde et préside le Cercle d’Économie (aujourd’hui l’AFEAS) donnant des cours de tricot et couture dans son quartier. Elle y fonde la Saint-Vincent de Paul où, pendant 25 ans, elle recueille, répare et distribue des vêtements, créant une boutique à petit prix des produits recyclés par des dames bénévoles. Gisèle ne sera pas en reste. Elle rêve de devenir professeure : « Avoir ma classe devant moi pour enseigner à mes élèves et faire une différence dans leur vie si possible. » Rêve réalisé, comme le confie sa fille Marie-Ève dans cette lettre :
« C'est en tant que choriste de Jeunesse en chœur que j'ai développé les bases du chant, la confiance en moi pour être soliste, le sérieux du travail de préparation musicale, l'important du travail de groupe... C'est grâce à ce passage que j'ai acquis une expérience scénique et musicale inestimable pour mon travail maintenant. Et je ne suis pas la seule. Un grand nombre d'acteurs de la scène culturelle régionale et nationale ont fait leurs armes en passant par Jeunesse en chœur. »
Parmi ces autres, il y a Karine Côté, Catherine Fillion, Catherine Labelle, Michaël Girard, Myriam Dufour, Emy Fournier, Karl Tremblay et les jumelles Annie et Suzie Villeneuve.
Mme Munger enseigne pour la Commission scolaire de la Jonquière de 1964 à 1999, 10 ans au primaire, 25 ans au secondaire. En digne fille de sa mère, cette infatigable rassembleuse n’en reste pas là. Enfant, si tôt les tâches ménagères terminées, Gisèle se précipitait chez les religieuses de la Présentation pour participer à la préparation de concerts pour la paroisse, de pièces de théâtre, de la fabrication des décors. Elle étudie le piano, le chant classique, complète le tout par un certificat en animation à l’Université du Québec à Chicoutimi, un cours en gérontologie et des sessions en direction chorale à l’Université Laval et à l’Alliance des chorales du Québec. De 1988 à 2003, Gisèle Munger fonde plusieurs chorales. Outre Jeunesse en chœur, qui s’est ouverte aux adultes en 1998 afin de réunir, lors des concerts, parents et grands-parents jusqu’à sa fin en 2018, elle a créé et dirige toujours depuis 1999 le Chœur dal Segno pour 900 retraités de l’enseignement, ainsi que le Chœur des blés d’or en 2003 pour 425 retraités en résidence. Férue de grands voyages, elle a fondé en 1998 le Chœur l’Écho du royaume, chorale temporaire qui aux 2 ou 3 ans emmènent des choristes pour chanter dans l’Ouest canadien, en Europe de l’Est, aux Îles de la Madeleine, sur La Côte d’Azur, à Paris, en Corse, au Portugal, en Espagne et, cette année 2019, en Tunisie et à Paris.
Cheffe de chœur pour le Ralliement régional des chorales de la Gaillarde, elle a dirigé le grand chœur de 300 choristes en mars dernier, lors du 25e ralliement.
Pour Gisèle, le chant est un plaisir, un son libérateur, l’activité par excellence pour exprimer les émotions. La voix est l’instrument à vent et à corde gratuit que nous possédons tous. Certains ajoutent : « Osez une note et immédiatement elle vous invite dans une de ses chorales. » Osez chanter et vous vous retrouvez à mettre votre voix au service de plusieurs causes : lutte contre le cancer avec l’UQAC, concert-bénéfice pour la Maison le Chêne, pour Deuil 02, pour l’Église Sacré-Cœur, pour Leucan, pour acheter un fauteuil pour un jeune handicapé, pour la Maison du Royaume dont elle est vice-présidente et membre du conseil d’administration depuis 22 ans. Membre du conseil d’administration de la Société d’art lyrique du Royaume depuis 10 ans dont elle a été directrice générale 2 ans. Elle est membre du comité pédagogique du Festival de musique du royaume depuis 8 ans.
Farouchement attachée à sa région, Gisèle Munger contribue à son rayonnement et à sa vivacité. Elle confie : « J’ai un très grand sentiment d’appartenance et suis fière de ma région. Les talents sont si nombreux. Je crois à la théorie que vivant en région nordique et éloignée, nos ancêtres se sont retroussé les manches et ont développé une créativité hors du commun qui a rejailli sur l’ensemble par la suite. De là, tant de talents émergent de la région. Je trouve qu’en général, les gens d’ici sont fiers et courageux. »
Récipiendaire des prix Jean-Pierre Guindon 2013 de l’Alliance chorale et du prix Choralys Bâtisseurs remis par Grégory Charles en reconnaissance de son apport au chant choral, nous disons, ce soir, à Gisèle Munger que nous sommes fiers de son talent, de son dévouement et de sa contribution exceptionnelle à promouvoir le chant choral.
Le 14 juin 2019
Gisèle Munger
Cheffe de chœur et fondatrice de plusieurs chorales
Pour sa contribution exceptionnelle au chant
fut reçue
Membre de l’Ordre du Bleuet